Vendre ou maintenir le Cap ?

Dans un contexte de crise immobilière persistante, les propriétaires se trouvent à la croisée des chemins, se demandant s’il est plus prudent de vendre ou de conserver leurs biens immobiliers. L’année 2023 a sonné le glas de l’exubérance immobilière, marquée par une dépréciation de près de 5 % sur le marché résidentiel et une chute de plus de 20 % des volumes de transactions par rapport à 2022. Les taux d’intérêt moyens, toutes durées d’emprunt confondues, ont grimpé à 4,12 % en octobre 2023, comparativement à 2,22 % au quatrième trimestre 2022, affectant considérablement le pouvoir d’achat des ménages.

Face à cette conjoncture, se poser la question de vendre ou de conserver devient crucial. Les experts, Maître Pierre Cenac de C&C Notaire et Souleymane-Jean Galadima, co-fondateur du family-office digital Sapians Immobilier à Paris, partagent des perspectives divergentes. Ils reconnaissent que vendre peut être une manœuvre de sécurisation, mais mettent en avant des facteurs favorables à la conservation des biens immobiliers, anticipant des valeurs en hausse sur le long terme.

La hausse des taux d’intérêt et la dégradation du pouvoir d’achat des ménages sont des défis immédiats, mais d’autres facteurs entrent en jeu. La gestion locative directe du patrimoine immobilier est de plus en plus compliquée, aggravée par une réglementation environnementale de plus en plus contraignante. De plus, la menace d’une fiscalité alourdie, comme l’éventuel ajustement à la baisse de l’abattement pour les loueurs en meublé non-professionnels, accentue la pression sur les propriétaires.

Dans ce contexte, les alternatives d’investissement se multiplient, offrant des opportunités potentiellement plus rémunératrices, liquides et moins contraignantes. La vente immobilière pourrait ainsi être un moyen de réorienter les fonds vers des placements plus attrayants, tels que les fonds euros ou les comptes à termes rémunérant à près de 4 %. Les investissements pierre-papier, tels que les nouvelles SCPI ou les fonds d’investissement immobilier, sont également envisageables pour ceux qui souhaitent rester dans le domaine immobilier tout en allégeant la gestion opérationnelle.

La maturité des biens et la volonté d’investir du temps dans la gestion immobilière sont des facteurs à considérer. Vendre immédiatement peut ne pas être pertinent pour un bien acquis avec un effet levier avantageux lorsque les taux étaient au plus bas. Les professionnels spécialisés dans la gestion immobilière peuvent également tirer parti de la complexité croissante de ce secteur pour se démarquer et renforcer leurs positions stratégiques.

Enfin, la performance immobilière varie selon les biens et les régions. Bien que la baisse moyenne soit de 1 % en 2023 après une augmentation significative au cours des dix dernières années, certains biens, notamment dans les zones tendues, échappent à cette tendance. Les contraintes légales, telles que l’artificialisation nette des sols et les obligations de logements sociaux, influent sur l’offre et la demande, ce qui peut contrecarrer les baisses de prix.

En conclusion, dans un marché immobilier de plus en plus cyclique et volatile, la décision de vendre ou de conserver dépend du risque et des objectifs à long terme. La vente peut être une manœuvre de sécurisation face à la volatilité, tandis que la conservation peut être une stratégie de valorisation à long terme. La patience demeure un remède efficace face au risque de volatilité pour ceux qui peuvent se permettre d’attendre. Au-delà de l’analyse du marché, cette décision doit être éclairée par les implications fiscales actuelles et futures des investisseurs, ainsi que par leurs objectifs personnels.

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